Il y a 40 ans, L’Élan domptait l’Europe !

29 février 2024

Il y a 40 ans, L’Élan domptait l’Europe !

Déroulé de la compétition

8ème de Finale vs AEK Athènes (Tour de barrage)

Au match aller en Grèce, l’Élan plie mais ne rompt pas face à l’AEK Athènes en limitant la casse avec une défaite 77-83, malgré une première mi-temps de domination des Orthéziens. Les athéniens ont repris les rênes du match à la fin de la deuxième mi-temps pour ne plus rien céder à l’Élan. Au retour, dans une Moutete pleine à craquer, l’Élan refait son retard pour l’emporter 81-61 mais le score final ne reflète pas l’angoisse et le faible écart qu’il y eut durant les ¾ du match. Les débuts d’Orthez dans cette Coupe Korac sont un peu mitigés, surement une grosse pression pour une équipe relativement jeune, mais de belle chose sur le terrain. Avec finalement un différentiel de + 14, nos Orthéziens s’offraient une fois de plus le droit d’accéder aux phases de Poules des Quarts de Finale.

@Sud Ouest

Poule Quarts de Finales

L’Élan partage la Poule C avec Varèse (Italie), Zadar (Yougoslavie à l’époque) et PAOK Salonique (Grèce)

En ouverture, l’Elan se déplace à Varèse sans John Mc Cullough et avec un Paul Henderson diminué. Les cadres Bisseni, Hufnagel, Kaba et Henderson font le job mais les héros du soir sont bien les jeunes Christian Ortéga (17 pts) et Philippe Laperche (12 pts). A la fin du match, le coach George Ficher déclara à ce sujet « ils pouvaient craquer, ils ont éclaté. Leur performance est digne d’un basketteur américain ». Au final l’Elan réussi l’exploit de s’imposer en Italie 77-75. La réception de Zadar dans une Moutete archi-comble est maitrisée de bout en bout avec au final un succès 90-77. On nottera 4 joueurs à plus de 20 points : Mc Cullough, Henderson, Hufnagel et Kaba. En clôture de la phase aller, l’Elan victime de sa maladresse au shoot s’incline 78-83 à Salonique face au PAOK. Un match raté. La réception de Varèse en ouverture de la phase retour s’annonce compliquée avec
l’absence de Freddy Hufnagel (clavicule brisée). « Incroyables Orthéziens » titrait le lendemain Gérard Bouscarel dans La Rep. En effet, dès la 14 ème minute, Mathieu Bisseni écopait d’une faute disqualifiante et malgré cela, c’est un Elan Béarnais plein de bravoure et de culot qui s’imposait 92-82 dans une ambiance de corrida. Encore une fois Christian Ortéga (22 pts) montrait tout son talent. Philippe Laperche (9 pts) et Didier Gadou (3 pts) remplissaient leur rôle à merveille pendant que Paul Henderson (28 pts), John Mc Cullough (16 pts) et Benkaly Kaba (12 pts) assuraient leur rôle de taulier.

Toujours privé de Freddy, l’Élan rend visite à Zadar sa bête noire de 2 campagnes européennes précédentes avec l’espoir d’y gagner ou, au pire d’y conserver le point- average acquis à l‘aller (+ 13). A 4 secondes de la fin du match, la star locale Popovic rate 2 lancers francs qui permettent miraculeusement à l’Elan de ne perdre que de 13 points (106-93) soit sur le même écart qu’à l’aller. Mathieu Bisseni, le Prince de la Moutete déclara plus tard « quand Popovic a manqué son 2 ème lancer, j’ai rencontré Dieu » A ce stade de la compétition et à une journée de la fin, le suspense est total pour savoir qui d’Orthez ou de Zadar se qualifiera pour la ½ finale. Incroyable scénario à une journée de la fin. Pour se qualifier, l’Elan doit espérer une défaite de Zadar à Varèse et doit de son côté cartonner à Orthez face à Salonique. Bien qu’à égalité à la mi-temps, l’Elan parvint à se défaire du PAOK 73-58. L’Elan avait accompli sa part du travail. Pas d’internet, pas de réseaux sociaux, il était compliqué d’avoir des informations quant à ce qui se passait pendant ce temps du côté de Varèse. C’est debout sur la table de marque que Pierre Seillant micro en main annonça à la Moutete la victoire de Varèse face à Zadar. Orthez était 1 er de sa poule (à égalité avec Zadar mais avec un avantage de +5 au point average) et qualifié pour la demi-finale ; la Moutete chavira. Sept ans après sa première qualification européenne, l’Elan présent chaque saison en Coupe d’Europe décrochait ainsi sa première demi-finale européenne. Un réel exploit pour ce club d’un village béarnais de 11 000 habitants.

@Sud Ouest

Demi-Finale vs Antibes

C’est une place forte du basket français qui se trouve alors sur la route de l’Elan en demi-finale : l’Olympique d’Antibes emmené par la méga star Bob Morse (6 fois champion d’Italie, 3 fois vainqueur de la Coupe d’Europe de clubs champions, une coupe des coupes et de multiples titres individuels de meilleur marqueur ; tout cela quand il évoluait en Italie mais qui n’a pas encore gagné la Korac). Le match aller à eu lieu à Orthez, avec une salle de La Moutète qui aurait pu accueillir plus de 2 fois sa capacité. L’effectif Antibois ne pouvait rien faire face aux systèmes de George Fisher. Malgré un Bob Morse à 32 points, nos orthéziens (privés pour la dernière fois de Hufnagel) s’imposent à domicile 75-68. Rien n’est fait avant le match retour. « Je préfère aller à Antibes avec 7 points d’avance qu’à Zadar avec 13… » dira Pierre Seillant. Le match retour se déroule à la Salle Salusse Santoni, avec une équipe d’Orthez forte des 7 points d’avance obtenus au match aller, avec le retour de Freddy Hufnagel. En mission commando et après un match extrêmement serré, l’Elan ne s’incline que de 2 points (69-71). Pierre Seillant avait eu raison : les 7 points étaient suffisants. « On va à Paris » scandaient les supporters béarnais présents à Antibes. « Cette finale nous la voulions pour l’offrir à Mathieu Bisseni qui, à 34 ans ne pouvait rêver d’une plus belle consécration. Il y en a d’autres qui méritaient de la jouer, Alain Larrouquis, Jean-Noël Perpère, Roger Duquesnoy. « A défaut de la leur faire partager, nous la leur dédions » dira Ben Kaba.

@Basket Europe

Finale vs Étoile Rouge de Belgrade – Paris, salle Pierre de Coubertin

Initialement prévue à Trieste en Italie, la finale est finalement relocalisée à Paris car les italiens déçus qu’aucun de leurs représentants ne soient qualifiés pour les demi-
finales se sont désistés. À l’approche de la Finale, l’équipe de l’Étoile Rouge de Belgrade pourtant certaine de sa force s’est rapprochée de Kicanovic et Radovanovic, 2 joueurs Yougoslaves du Stade Français afin d’obtenir des informations sur les forces et faiblesses de leur futur adversaire. Les mots de Belgrade après avoir accepté la finale à la salle Pierre de Coubertin : « Orthez ? 11.000 habitants, ça ne doit pas déplacer beaucoup de monde. » Résultat : 3 000, 3 500, 4 000 (on ne saura jamais) supporters orthéziens garnissaient un Coubertin vert et blanc contre 200 Yougoslaves. Portés par cette foule derrière eux, les joueurs de l’Elan Béarnais survolèrent les débats du début à la fin dans un Coubertin en fusion. Cette rencontre fut à sens unique, nos vert et blanc dominèrent toute la rencontre. Les 5.000 spectateurs présents, ainsi que les millions de téléspectateurs d’Antenne2 ont pu assister à la grande victoire de l’Élan face à Belgrade, 97-73. Dans la dernière minute, le capitaine Mathieu Bisseni posa un genou au sol tout en dribblant pour célébrer ce triomphe. George Fisher lança sur le parquet les jeunes pousses du club Pascal Laperche, Didier Gadou et Alain Gadou afin que tout le monde participe au triomphe. La foule verte et blanche en délire pouvait envahir le plancher de Coubertin et célébrer ses héros. Le retour en train des supporters reste encore dans toutes les mémoires. La folie s’empara d’Orthez pendant plusieurs jours et surtout plusieurs nuits.

Feuille de match

• McCullough : 29 points
• Kaba : 20 points
• Henderson : 20 points
• Hufnagel : 8 points
• Laperche Ph : 8 points
• Ortéga : 8 points
• Bisséni : 4 points
• Pascal Laperche, Didier Gadou et Alain Gadou participèrent également à la Finale.

Cette victoire représente encore aujourd’hui la première et la seule victoire en coupe européenne pour un club d’une aussi petite ville, sans financement public ni subvention. La Coupe Korac reste, à l’heure actuelle, l’un des plus grands succès de l’Élan en championnat Européen, avec une série record de 30 participations consécutives en Coupe d’Europe. Disparue depuis, la Coupe Korac a été disputée pour la dernière fois en 2002.

Fun Fact à propos de la compétition

1. Dès la fin de la rencontre, Ortega est rentré sur le parquet avec un
   couteau pour découper le filet du panier et le garder en souvenir. Il a
   aussi découpé quelques cravates lors de la réception d’après-match en
   guise de souvenir.
2. 15 pêcheurs français étaient présents au match de 8 ème de Finale à
   Athènes. Ils avaient dû se cacher avec les joueurs dans les vestiaires à
   la fin du match pour attendre une escorte de la police, à cause d’une
   salle d’Athènes révoltée après la rencontre. Les joueurs et les pêcheurs
   sont sortis par une porte dérobée, accompagnés de la police, pour
   sauter dans le bus et partir dans la seconde.

L’histoire de Radivoj Korac, le joueur qui a donné son nom à la Coupe

Radivoj Korac était un joueur Yougoslave, jouant au poste d’ailier fort. Il est un des rares joueurs à être entrée au panthéon du FIBA Hall Of Fame. Il a notamment joué 12 ans au OKK Belgrade. Korac est connu pour avoir marqué 99 points sur un match Européen. Sur un quart de finale, il aura inscrit 170 points sur 2 matchs. Une performance historique qui est, jusque-là, une des meilleures performances au scoring de l’histoire du basket, derrière les 100 points.